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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 22:45

   Chaque fois que tu reçois la représentation d'un plaisir, exactement comme pour les autres représentations, garde-toi d'être captivé par elle ; mais que l'affaire t'attende, et prends, auprès de toi, quelque délai. Puis rappelle ensemble les deux moments, celui où tu jouiras de ce plaisir et celui où, après la jouissance, tu réfléchiras et t'adresseras à toi-même des reproches ; et à ces moments oppose la joie que tu éprouveras de t'être abstenu et l'éloge que tu feras de toi-même. Si l'occasion se présente de te mettre à l'œuvre, applique-toi à ce que la douceur, le plaisir, la séduction qui sont en elle ne l'emportent pas sur toi ; mais oppose la conscience, incommensurablement meilleure, d'avoir toi-même remporté cette victoire.

Manuel d’Épictète, XXXIV

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 21:24

   Selon Abû Dardâ', le Prophète Muhammad rapporte cette Parole divine qui fut révélée à l'un des prophètes : Ceux qui étudient Ma Loi pour un but autre que religieux, ceux qui apprennent la science sacrée en ayant une autre intention que celle de la mettre en œuvre, ceux qui pratiquent les actes de piété pour servir leurs intérêts mondains, ceux qui sont extérieurement doux comme des agneaux avec les gens, alors que leur cœurs est pareil à celui des loups, ceux dont la langue est plus suave que le miel mais dont le cœur est plus amer que l'aloès : est-ce Moi qu'ils essayent ainsi de tromper, et dont ils se moquent ? Dis-leur donc qu'ils auront droit à une telle épreuve de Ma part qu'elle rendra perplexe même le plus débonnaire !

Al-Ghazâlî, Le livre de la Science

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2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 22:14
  1. La sollicitude envers les élèves. Le maître doit les traiter comme s'ils étaient ses propres enfants. [...]

  2. Suivre l'exemple du Prophète. Le maître ne doit demander aucun salaire, il ne doit espérer aucune rétribution ou remerciement en échange du savoir qu'il dispense. Il s'engage à enseigner pour l'amour de Dieu, et pour se rapprocher de Lui. [...]

  3. Conseiller l'élève en toute chose. Par exemple, le maître interdira à l'élève d'aborder un niveau de connaissance pour lequel il estime que celui-ci n'est pas à la hauteur ; il le dissuadera aussi d'étudier les sciences ésotériques avant d'avoir fini l'apprentissage des sciences exotériques. [...]

  4. Éloigner l'élève des mauvais comportements et caractères, en utilisant de préférence l'allusion, autant que faire se peut, et non ouvertement, mais toujours avec miséricorde et sans remontrance. [...]

  5. Le maître qui enseigne certaines sciences ne dénigrera pas les autres sciences en les rendant détestables aux yeux de l'élève. [...]

  6. Se limiter à la capacité de compréhension de l'élève. Le maître ne délivrera pas d'enseignements que la raison de l'étudiant ne peut comprendre, au risque de le faire fuir, ou de troubler son esprit. [...]

  7. Enseigner à l'élève dont la capacité est limitée ce qui est clair, évident et lui convient, sans même lui préciser qu'il existe au-delà de telle ou telle chose d'autres choses qui le dépassent. Sinon, le désir qu'a l'étudiant d'apprendre ces savoirs clairs risque de s'amenuiser, son cœur sera perturbé, et il deviendra paresseux dans son apprentissage. Chacun croit qu'il est apte à recevoir toutes sciences subtiles et fines. Chacun est convaincu que Dieu lui a donné l'intelligence parfaite, alors que les plus faibles d'esprit sont justement ceux qui se croient les plus intelligents du monde. [...]

  8. Mettre en pratique ses connaissances. Les actes du maître ne doivent pas démentir ses propos. [...]

Al-Ghazâli, Le livre de la Science

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30 décembre 2012 7 30 /12 /décembre /2012 23:18
  1. Donner la priorité à la pureté et à la purification de l'âme, qu'il faut débarrasser des vices et des attributs blâmables. […]

  2. Réduire ses attaches terrestres, s'éloigner des siens et de son pays. […]

  3. Ne pas se montrer hautain à l'égard du savoir, ni jamais comploter contre l'enseignant. Bien au contraire, l'étudiant doit s'en remettre entièrement à l'enseignant, dans les moindres détails, et suivre ses conseils comme le malade ignorant se plie aux indications du médecin compatissant et habile. […]

  4. Au début de son apprentissage, l'étudiant évitera de prêter attention aux divergences existantes, qu'il étudie les science de ce monde ou celles de l'Au-delà. […] L'élève doit maîtriser la seule voie que son maître estime méritoire. Ce n'est que par la suite que l'étudiant pourra s'intéresser éventuellement aux diverses interprétations doctrinales et à certaines questions ambiguës. Si le maître ne s'en tient pas à une seule opinion, mais qu'il a l'habitude de rapporter les points de vue des diverses écoles juridiques, avec leurs commentaires, il faut alors que l'élève prenne garde. En effet, dans ce cas, l'enseignant est davantage susceptible d'induire en erreur que d'orienter vers la voie juste, car un aveugle ne saurait guider et orienter d'autres aveugles. […]

  5. Ne pas laisser une branche ou une matière des sciences louables sans en avoir vérifié l'objet et le but. […]

  6. Ne pas plonger tête baissée dans une discipline scientifique, mais respecter un ordre progressif. L'étudiant commencera par le plus important, en sachant bien que, si toute une vie ne suffit généralement pas pour acquérir l'ensemble des savoirs, sa détermination doit être de tirer le meilleur de chaque science étudiée. […]

  7. Ne pas entamer un nouveau sujet d'étude avant d'avoir épuisé le précédent. Les sciences sont ordonnées de telle façon que chacune conduit à une autre. […]

  8. Savoir reconnaître la plus noble de toutes les sciences, en prenant en compte, d'un côté, le fruit d'un savoir, et de l'autre la fiabilité et la force des preuves en sa faveur. […]

  9. Que le but du disciple soit d'orner son être intérieur de la vertu spirituelle, dans l'espoir de se rapprocher de Dieu, et de s'élever vers le Royaume des Cieux parmi les Anges et les Élus rapprochés. L'étudiant ne doit, à travers son apprentissage du savoir, ni viser l'argent et le pouvoir, ni chercher à disputer avec les idiots, ni essayer d'épater ses semblables. Si c'est bien la proximité divine qu'il a effectivement en vue, l'élève étudiera et recherchera la science qui est la plus conforme à son objectif : la science de l'Au-delà. Cela dit, il ne doit pas pour autant mépriser des sciences comme les fatwas, la grammaire et la langue, qui sont liées au Livre saint et à la Tradition du Prophète […]. […]

  10. Connaître la position des différentes sciences par rapport à l'objectif, afin que l'étudiant ne préfère pas les sciences éloignées aux sciences élevées et proches du but, ou qu'il n'attache pas plus d'importance à des sciences de moindre valeur. […]

Al-Ghazali, Le livre de la Science

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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 22:23

Il existe donc trois types de savants. Il y a ceux qui causent leur propre perte et celle des autres : ils appellent à grands cris à désirer ce bas-monde, et sont les premiers dans cette course. Puis il y a ceux qui s'aident eux-mêmes et aident les autres : ils appellent les créatures à Dieu, par leur comportement extérieur, leur connaissance, et leurs qualités intérieures. Enfin, il y a ceux qui causent leur propre perte tout en aidant les autres : indiquant l'Au-delà, ils ont renoncé extérieurement au monde présent, mais ils désirent intérieurement l'assentiment des gens et la célébrité. Que chacun d'entre nous, alors, vérifie dans quel groupe il se place, et pour quel but il s'est préparé ! Et que l'on n'aille surtout pas croire que Dieu accepte autre chose que l’œuvre et le savoir qui Lui sont sincèrement et exclusivement voués !

 

Al-Ghazâli, Le livre de la Science

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22 décembre 2012 6 22 /12 /décembre /2012 17:44

P1090035.png

 

Texte du cartel :

Carreau à inscription funéraire

Iran, 15e siècle

Céramique, décor peint sous glaçure

L'inscription en persan, en simple écriture naskh dit :

« Sur l'univers de poussière, il faut devenir poussière. Par la main de la mort, il faut périr, toi qui fus l'honneur du monde. A la fin, non ; il faut aller sous la terre. Ô mon œil, si tu es aveugle, regarde la lumière du tombeau. Ce monde plein de troubles de d'amertume, regarde-le. Les rois du monde, les souverains de l'univers. Regarde-les sous terre, dans la gueule de la Mort. » (Trad. F. Richard.)

Transfert du musée Guimet, 2002 ; MAO 2071

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 22:52

  Sufyân Thawrî, qui était pourtant un savant modèle en matière de science extérieure, disait lui-même de cette science que sa quête n'est pas utile pour l'Au-delà. Comment pourrait-il en être autrement alors que tous les savants s'accordent à dire que le savoir n'est noble que s'il est mis en pratique ? Comment peut-on atteindre cette noblesse en connaissant les formes de divorce et répudiation (zihâr, li'ân), ou les règles détaillées de la vente à terme (salam), de la location (ijâra) et du change monétaire (sarf) ? Il faut être fou pour croire qu'on se rapprochera de Dieu en apprenant ce genre de choses. En réalité, ce sont les cœurs qui agissent quand les membres du corps obéissent à Dieu. Voilà la noblesse et la dignité véritables !

Al-Ghazâli, Le livre de la Science

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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 22:55

   C'est ainsi que l'athéisme veut cantonner le spirituel et la religion dans un espace privé de plus en plus confidentiel, chose d'ailleurs acceptée et même revendiquée par une majorité de personnes qui, tout en se déclarant croyantes, se contentent d'une participation épisodique et lointaine aux rites, et mènent une vie dichotomique, séparant vie ordinaire et vie rituelle. Ne réservant que quelques instants à la vie religieuse, ces personnes méconnaissent, le reste du temps, toute pratique des vertus, toute contemplation, toute élévation. La religion perd alors sa fonction de lien avec Dieu pour sombrer dans une religiosité morale, sociale et sentimentale, toute temporelle. Arguant des prétentions religieuses les plus extrêmes, mais reflétant au fond le même degré d'ignorance, d'aucuns voudraient, en les soumettant souvent par la contrainte, rallier toutes les composantes de la société à une conception purement spéculative et mentale qu'ils se font de la religion, conception qui n'est en fait qu'une illusion. L'intégrisme, puisque c'est bien de lui qu'il s'agit, se résume alors à une vulgaire instrumentalisation de la religion à des fins politiques et nationalistes. Malgré l'apparente opposition de ces deux tendances, elles ne sont que la résultante d'une méconnaissance du domaine spirituel, laquelle les conduit à se placer sur un terrain purement temporel.

 

AbdAllah Yahya Darolles, « La vie spirituelle dans la société laïque », dans le Cahiers de l'IHEI, n°10, année 2000, cité par Abd-al-Wadoud Gouraud dans son introduction à sa traduction de Le livre de la Science, d'al-Gazâlî.

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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 21:03

   Harâm b. Hakîm rapporte de son oncle que le Prophète – Paix et bénédiction de Dieu sur lui – a dit : « Vous vivez à une époque où les savants sont nombreux, et où les lecteurs du Coran et ceux qui font des sermons peu nombreux, les mendiants sont rares et ceux qui donnent sont nombreux. L’œuvre accomplie en ce temps est meilleure que le savoir. Viendra un temps où ce sera l'inverse : les savants seront peu nombreux, ceux qui feront des sermons seront légion, ceux qui donneront seront rares, et les mendiants seront nombreux. Le savoir en ce temps sera plus précieux que l'action. »

Rapporté par Tabarânî. Cité par al-Ghazâlî dans Le livre de la Science.

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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 21:14

   Cette même science rejette tout ce qui est immatériel et suprasensoriel, étant donné qu'elle ne croit ni dans la Révélation ni dans la « rationalité » telle qu'elle était entendue de façon traditionnelle. En effet, la science moderne met en œuvre et développe des instruments qui perfectionnent nos sens, depuis les microscopes électroniques et les télescopes jusqu'aux pièges à ions et accélérateurs de particules. Ces instruments, qui n'existaient pas dans les civilisations traditionnelles, ont eu pour conséquence de nier le droit à l'existence de tout savoir qui ne soit ni »mesurable » ni « quantifiable », au sens conventionnel que la science moderne donne à ces adjectifs. Pourquoi est-on autorisé à penser aux « passages imbriqués » (warped passages) et aux « branes », aux « supercordes » et aux « dimensions cachées », mais pas à les rapporter à une dimension métaphysique ? Est-ce parce que le premier jeu de notions est suggéré par les solutions trouvées à des équations postulées, des solutions écrites sous la forme d'équation, alors que la métaphysique n'estpas contenue dans une équation de l'évolution ? L'univers des équations est incomplet, puisqu’il échoue à identifier ce qui ne peut être quantifié.

 

« Réflexion sur la mécanique quantique : une perspective islamique », Abdelhaq M. Hamza, in Science et religion en islam, Sous la direction d'Abd-al-Haqq Guiderdouni, Albouraq, 2012, Paris

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