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3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 22:36

   La Réalité divine s'est dévoilée aux prophètes et aux saints de Dieu. Ce n'est pas grâce à l'apprentissage, à l'étude ou à la composition d'ouvrages que la Lumière a pénétré en leur cœur. L'illumination s'est réalisée pour eux en renonçant au bas-monde, en se défaisant de ses attaches, en vidant le cœur des préoccupations terrestres, et en accourant vers Dieu de toute l'énergie spirituelle dont ils étaient capables. C'est ainsi que le serviteur s'expose aux souffles de la Miséricorde divine. Il ne choisit pas de les provoquer. Tout ce qui incombe au serviteur, c'est de se purifier pour recevoir la Miséricorde que Dieu accorde, comme Il l'a accordée aux prophètes, et continue de l'accorder aux saints. Si la volonté du serviteur de Dieu est sincère, si son aspiration spirituelle est pure, et si ses efforts sont constants, les éclairs de la Vérité illumineront son cœur, et la grâce secrète de Dieu lèvera le voile. Alors le monde invisible du Mystère se dévoile, et le serviteur atteint la Certitude.

    Livre des merveilles du cœur, Al-Ghazâlî, traduit et cité par Jean Abd-al-Wadoud Gouraud dans son introduction à sa traduction de Le livre de la Science, d'Al-Ghazâlî.

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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 11:27

Mes enfants, et vous, mes frères,

écoutez Joseph, le bien-aimé d'Israël,

prêtez l'oreille aux paroles de ma bouche.

J'ai vu dans ma vie la jalousie et la mort,

je n'ai pas été égaré, mais je suis resté dans la vérité du Seigneur.

Mes frères me haïrent,

mais le Seigneur m'aima.

Ils voulaient me tuer,

mais le Dieu de mes pères me garda.

Ils me descendirent dans la Fosse,

et le Très-Haut m'en fit remonter.

Je fus vendu en esclavage,

et le Maître de toutes choses me libéra.

Je fus emmené en captivité,

et Sa forte main me secourut.

Je fus tenaillé par la faim,

et le Seigneur lui-même me nourrit.

J'étais seul,

et Dieu me consola.

J'étais malade,

et le Seigneur me visita.

J'étais en prison,

et le Sauveur me fit grâce ;

dans les chaînes,

et il me délia ;

diffamé,

et il plaida pour moi ;

en butte aux paroles acerbes des Égyptiens,

et il me délivra ;

esclave,

et il m'éleva.

[…]

Car le Seigneur n'abandonne ceux qui le craignent ni dans les ténèbres ni dans les liens ni dans la détresse ni dans la nécessité.

 

Testament de Joseph, I, 2 – II, 4

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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 21:08

    Et maintenant, mes enfants, je suis sur le point de mourir, et en vérité, je vous dis que si vous ne vous gardez pas de l'esprit du mensonge et de la colère et si vous n'aimez pas la vérité et la patience, vous périrez. Car la colère est aveuglement et ne permet pas que l'on puisse véritablement voir quelqu'un. Quand bien même il s'agirait d'un père ou d'une mère, l'irascible s'en garde comme d'adversaires ; ou d'un frère, il l'ignore ; ou d'un prophète du Seigneur, il lui désobéit ; ou d'un juste, il ne le regarde pas ; ou d'un ami, il ne le reconnaît pas. Car l'esprit de la colère le couvre du filet de l'égarement et aveugle ses yeux, par le mensonge plonge son intelligence dans les ténèbres et lui fournit sa propre vision des choses. Avec quoi couvre-t-il ses yeux ? Par la haine d'un cœur plein de jalousie à l'endroit de son frère.

    Mauvaise et les colère, mes enfants, car elle trouble jusqu'à l'âme même. Elle s'approprie le corps de l'irascible, elle se rend maîtresse de son âme, et elle communique au corps sa propre force pour lui faire commettre toute espèce d'iniquité. Quand le corps a fait tout cela, l'âme légitime ce qu'il a fait, parce qu'elle ne voit pas sainement. C'est pourquoi l'homme qui s'emporte, s'il est puissant, possède une triple force : premièrement, par l'aide de ses serviteurs ; deuxièmement, par sa richesse, il persuade et triomphe injustement ; troisièmement, par sa force naturelle, il commet le mal. L'homme qui s'emporte, quand bien même il serait faible, possède une force double de sa force naturelle, car la colère lui vient sans cesse à l'aide dans l'iniquité. Car cet esprit marche toujours avec mensonge à la droite de Satan, afin que ses entreprises s'accomplissent dans la cruauté et le mensonge.

    Comprenez donc quelle est la force de la colère : elle est insolente. D'abord, elle provoque par la parole ; ensuite, par des actes, elle fortifie l'homme qui s'est mis en colère ; par d'amers dommages, elle trouble son penchant, et ainsi excite son âme par une grande colère. Quand on parle contre vous, ne vous mettez pas en colère, [et si on loue votre sainteté, n'en tirez pas vanité et ne passez ni par un sentiment de plaisir ni par un sentiment de dégoût] car cela transforme l'ouïe ; l'esprit ainsi aiguisé perçoit la provocation et alors, irrité, estime être en colère à bon droit. Si vous éprouvez quelque dommage ou quelque perte, mes enfants, ne protestez pas, car ce même esprit fait convoiter ce qu'on a perdu, afin d'irriter par le désir. Si vous subissez un dommage, volontairement ou involontairement, ne vous attristez pas, car de la tristesse provient aussi la colère avec le mensonge. La colère avec le mensonge est un vice à deux faces : l'un et l'autre s'unissent pour troubler le penchant et, quand l'âme est continuellement troublée, le Seigneur s'éloigne d'elle et Béliar s'en empare.

Testament de Dan, II, 1- IV, 7

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18 novembre 2012 7 18 /11 /novembre /2012 18:50

    À cause de leur application personnelle (iğtiḥād) et des divergences qui en découlèrent (tanāzzuʿ fī-hi), les gens se sont disputés (tanāzaʿa) à propos de la voie [soufie]. Un groupe a condamné les soufis et le soufisme, en affirmant qu’il s’agissaitd’innovateurs et qu’ils étaient en dehors de la sunna. Une telle condamnation, dont les propos restent célèbres, est mentionnée à propos d’un groupe d’imams. Ils ont été suivis [dans leur condamnation] par les gens du fiqh et du kalām. Un [autre] groupe a exagéré à propos [des soufis], prétendant qu’ils étaient les plus méritants (afḍal) et les plus parfaits (akmal) après les prophètes. [En réalité], ces deux positions extrêmes sont condamnables.

    La vérité, c’est que [les soufis] s’appliquent dans l’obéissance à Dieu, tout comme d’autres s’y sont appliqués. C’est pourquoi il y a parmi [les soufis], le rapproché de Dieu (al-sābiq al-muqarrab) de par son application et le modéré (muqtaṣad) qui fait partie des gens de la droite (ahl al-yamīn). Dans chacune de ces deux catégories, il y a celui qui, tout en s’appliquant [dans sa voie], s’est trompé ; ou bien un autre a péché, puis s’est repenti ou ne l’a pas fait.

 

L'épitre des soufis et des "pauvres en Dieu", Shaykh al-Islam Ibn Taymiyya, traduction Qais Assef

Version complète disponible ici :

http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00584673

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17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 17:51

    Par conséquent, celui qui considère la voie des savants ou des juristes [de Couffa] ou bien des dévots (ʿubbād) ou des renonçants (zuhhād) [de Bassora], supérieure à celle des Compagnons, il est dans l’erreur et dans l’égarement et c’est un innovateur (mubtadiʿ). Quant à celui qui condamne, et qui désigne comme fautifs (maʿīb) et haïssables (mamqūt) ceux qui, tout en s’appliquant dans la voie de l’obéissance, commettent des erreurs, celui-ci est [lui-même] dans l’erreur et dans l’égarement et c’est un innovateur (mubtadiʿ).

De même, dans l’amour, la haine, l’amitié et l’animosité, les gens émettent des jugements et il arrive que, parfois, ils soient dans le vrai et parfois dans le faux. En effet, beaucoup de gens, s’ils aiment quelque chose chez un homme, alors ils lui portent un amour absolu, au point de s’aveugler sur ses défauts. Ou bien, s’ils détestent quelque chose chez un homme, alors ils lui portent une haine absolue, au point de s’aveugler sur ses qualités. […]. Une doctrine [aussi excessive] provient des innovateurs, des kharidjites, des mutazilites, et des murdjites.

    Selon les ahl al-sunna wa al-ğamāʿa, le Coran, la Sunna et le consensus [des oulémas] indiquent que le croyant mérite (yastaḥiqqu) la promesse de Dieu et sa grâce : c'est-à-dire la récompense pour ses bonnes actions et le châtiment pour ses mauvaises actions. En effet, une même personne rassemble en elle aussi bien ce qui est digne de récompense que ce qui mérite le châtiment ; ce qui est louable et ce qui est blâmable ; ce qui est appréciable et ce qui est détestable. Ainsi en est-il.

 

    Il est donc connu que le taṣawwuf est originaire (manšaʾ) de Bassora. Et il y avait dans cette ville ceux qui suivaient la voie de la dévotion (ʿibāda) et du renoncement (zuhd), en s’y appliquant à leur manière (iğtihād). Tout comme il y avait à Couffa, ceux qui suivaient la voie de la jurisprudence (fiqh) et de la science [religieuse] (ʿilm), en s’y appliquant (iğtihād) [également] à leur manière.

    Cependant, les premiers ont été identifiés à une apparence vestimentaire : le vêtement de laine. Ainsi, ils furent nommés ṣūfī. Néanmoins, leur voie ne se limite pas au port d’un vêtement de laine, d’autant que celui-ci n’est ni une exigence de leur part, ni une des conditions de leur voie. Cette dénomination leur a été attribuée à cause de leur apparence (ẓāhir al-ḥāl).

 

L'épitre des soufis et des "pauvres en Dieu", Shaykh al-Islam Ibn Taymiyya, traduction Qais Assef

Version complète disponible ici :

http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00584673

 

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13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 20:32

Quss b. Sâ'ida al-Iyâdî prononça ce discours au marché de 'Ukâz :

« Ô gens ! Oyez et comprenez ce que je dis. Et quand vous l'aurez compris, faites-en bon usage. Quiconque vit mourra, quiconque meurt sera oublié, tout ce qui doit advenir adviendra. Une nuit établie, une journée tranquille, un ciel constellé, des étoiles resplendissantes, des mers foisonnantes, des montagnes solidement amarrées, une terre nivelée, et des rivières qui courent. Le ciel nous instruit, et la terre nous fournit des leçons. Pourquoi les gens partent-ils pour ne plus revenir ? Ont-ils agréé leur séjour [dans l'au-delà] et se sont installés, ou bien ont-il été abandonnés et se sont endormis ?... »

On raconte qu'il déclama à la suite de ce discours :

« Parmi les défunts d'antan, nous avons des leçons à méditer

Quand je vois la mort venir de sentiers impossibles à deviner

Quand je vois les miens, petits et grands, les suivre

Quand je vois que le passé ne me revient jamais, et que parmi ceux qui restent, aucun n'est éternel

J'ai alors la certitude, qu’immanquablement, j'irai là où les gens vont. »

 

(Traduit à partir de mes notes de cours de Littérature arabe classique, avec Mr Kadhim Jihad Hassan)

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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 08:40

   Qu'est-ce que la foi ? La réponse est simple - mais Allah est plus savant - puisque le législateur nous l'a Lui-même fournie. Il s'agit de croire en Allah, à Ses Anges, Ses Livres, Ses Envoyés et au Jour dernier. Il est obligatoire de protéger celui qui professe cette foi et interdit de l'agresser. Or c'est bien une telle foi qui caractérise - mais Allah est plus savant - chaque individu de la communauté, et ce, malgré la multitude des courants et en dépit des divergences en matière d'application des principes : tant que ces derniers sont saufs, les différences restent bénignes. Ainsi, celui qui est autorisé par Allah à s'exprimer doit s'assurer que, ce faisant, il préserve les liens de l'Islam et favorise la fraternité religieuse. Il ne doit pas s'attaquer aux convictions des membres de la communauté ni dénigrer leurs doctrines ni décréter qu'elles sont fausses, car cela conduirait à des schismes et des rejets mutuels, supprimant alors toute possibilité d'entente harmonieuse entre les musulmans.

   N'es-tu pas conscient, ô Cheikh, du désarroi de la communauté, fruit des erreurs du passé ? Voilà à quoi nous a conduit le sectarisme exagéré de ceux qui n'admettent que leur propre école ! Chacun déshonore l'autre et le juge en fonction de ses propres convictions. Tous sont pourtant bien croyants, même si l'exclusivisme de certains les a conduits à dissoudre les liens de fraternité religieuse ; ils ont fini par rompre l'unité née des deux témoignages de foi, de la pratique de la prière, de l'aumône, du pèlerinage, du jeûne de Ramadan, de la récitation du Qoran et de tous les principaux rites musulmans.

 

 Lettre ouverte à celui qui critique le soufisme, Sheykh Ahmed al-Alawi.

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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 21:40

http://pmcdn.priceminister.com/photo/856467870.jpg   Samâ', qui signifie littéralement "audition", désigne dans la tradition des soufis l'audition spirituelle et plus particulièrement l'audition de musique dans le but d'accéder à un état de grâce ou d'extase, ou, comme disent les soufis, de "nourrir l'âme". Il s'agit donc d'une tradition de concert mystique, d'écoute spirituelle de musique et de chants, dans une forme plus ou moins ritualisée.
   Les paroles des anciens soufies éclairent des phénomènes et des états de conscience qui sont toujours vécus par les derviches. Les mythes, symboles et représentations qui s'en dégagent n'ont rien perdu de leur force et transparaissent toujours dans les propos des mystiques contemporains, qu'ils aient été transmis par des ouvrages ou par voie orale, ou qu'ils aient été retrouvés naturellement dans l'expérience mystique. C'est en ce sens que l'audition musicale peut constituer, au-delà des colorations culturelles, une expérience universelle.
   Musique et extase s'adresse aussi bien aux spécialistes qu'au public éclairé désirant pénétrer au cœur du mystère de la musique, et tout particulièrement des traditions musicales sacrées du Moyen-Orient que l'auteur, chercheur au CNRS, côtoie et pratique de longue date.

Quatrième de couverture de Musique et extase, de Jean During.

 

Cet ouvrage nous propose une découverte très complète du sama' selon les sources traditionnelles de l'islam, tant du côté des détracteurs (comme Ibn Taymiyya) que des promoteurs (al-Ghazâli, Tûsi, etc) de cette pratique. L'auteur nous présente le sama', son symbolisme, ses évolutions et ses modalités. Un chapitre est consacré au sama' de Mawlânâ Rûmi et de la confrérie Mevlevi. Par ailleurs, une excellente synthèse sur le statut de la musique en islam en proposé en annexe.

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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 17:25

 

Comment l'amoureux évanoui revint à lui-même et tourna son visage pour louer et remercier le Bien-Aimé

 

    Il dit : « Ô Anqâ de Dieu ! Lieu autour duquel tourne l'esprit dans son vol ! Je rends grâces que tu sois revenu de cette montagne lointaine de Qâf.

    « Ô Israfîl du lieu de la Résurrection de l'Amour, ô Amour de l'amour et du désiré de l'Amour !

    « Je désire, comme premier présent d'honneur que tu me feras, que tu poses ton oreille sur ma fenêtre.

    « Bien que grâce à ta pureté, tu connaisses mes sentiments, prêtes l'oreille à mes paroles, ô toi qui aimes ton serviteur !

    « Des centaines de milliers de fois, ô Prince unique, mes esprits se sont envolés par désir de ton oreille.

    « Que tu entendes, et que tu écoutes, et que tu souries de ces sourires qui donnent la vie,

    « Que tu prêtes attention à mes affaires, petites et grandes, et aux artifices de mon âme soupçonneuse :

    « Ma fausse monnaie, que tu connais bien, tu l'as acceptée comme pièces de bon aloi,

    « Pour l'audace de celui qui était insolent et égaré, ô toi auprès de la clémence de qui toutes les clémences ne sont qu'un atome.

[...] »

 

Mathnawî, Livre troisième, 4694-4703

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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 21:07

 

   La position la plus raisonnable que peut adopter celui qui s'intéresse à ce débat, et que l'on pourrait considérer finalement comme l'attitude du courant principal, est celle de la « séparation des magistères », un terme proposé par le biologiste Stephen Jay Gould (1941-2002). Ce la signifie d'abord – il faut le dire avec force – que, dans son domaine, la science est souveraine. Celle-ci décrit le monde par des théories qu'elle soumet à l'observation et à l'expérimentation. En se mathématisant, elle devient de plus en plus prédictive des événements et permet, au moyen de la technologie, d'agir sur eux. Enfin, en précisant les causes des phénomènes, la science a aussi produit une explication du monde. La science ne parle plus simplement du « comment » ; elle dit aussi le « pourquoi », plus exactement le pourquoi en termes de « causes efficientes ». Les énigmes expliquées deviennent des éléments nouveaux du savoir. Il est vrai que la résolution des énigmes suscite souvent d'autres énigmes, mais c'est justement le génie de la science que de pouvoir ainsi faire avancer « le front des connaissances ».

    De leur coté, les religions parlent du réel, mais en termes différents. Elles s'intéressent elles aussi au pourquoi, mais à un pourquoi d'une autre nature, celui des « causes finales », c'est-à-dire à ce que l'on appelle « la question du sens ». Leur langage n'est pas celui des mathématiques, mais celui des mythes, des paraboles et des symboles, mieux à même de retranscrire la complexité de l'expérience humaine face à la question du sens. Dans la compréhension que nous en avons actuellement, une religion ne cherche pas tant à « expliquer » le mystère de la destinée humaine, et donc du monde où celle-ci se place, qu'à l'approfondir indéfiniment, sans prétendre l'épuiser. C'est ainsi qu'elle déploie, notamment dans le cadre du commentaire des textes et de la théologie, un discours d’interrogation sur la réalité ultime (qui s’appelle « Dieu » pour le monothéisme), la place de l'être humain et sa liberté face au bien et au mal. Ses sources sont doubles : les textes sacrés et la tradition de la communauté d'une part, la raison et l'expérience humaine d'autre part. Dans son domaine, la religion est souveraine ; c'est-à-dire que son discours se situe plus ou moins explicitement sur un plan métaphysique, lequel constitue en quelque sorte un arrière-plan, qui n'est affecté par le discours scientifique que comme un décor est « réarrangé » pour permettre la libre circulation des acteurs sur la scène. La souveraineté de chaque religion est toutefois « bornée » par celle des autres religions. Dans ce contexte de séparation des magistères, le dialogue entre science et religion s'installe grâce à la philosophie, qui est une approche rationnelle du réel et de la connaissance, et qui fournit des outils intellectuels pouvant être utilisés par les protagonistes du débat.

 

                                                                               Abd-al-Haqq Guiderdoni, Science et religion en islam

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